L’érosion agit différemment selon la nature des roches. Dans
des matériaux de résistance contrastée, l’activité des agents d’érosion devient
sélective, déblayant plus aisément les roches meubles et laissant en saillie
les roches résistantes. C’est l’érosion différentielle.
Dans les terrains sédimentaires où alternent couches dures
(calcaires, grès) et couches tendres (marnes ou argiles), les cours d’eau
dégagent des corniches de roches résistantes sur les flancs des vallées.
En
avant de coteaux en structure horizontale, de cuestas en structure inclinée,
l’érosion isole des buttes témoins couronnées de roches dures.
Lorsque les
sédiments ont été plissés, puis nivelés, et enfin soulevés par les mouvements
de l’écorce terrestre, l’érosion différentielle reprend son œuvre. Elle excave
les roches tendres en sillons parallèles, les roches dures formant des crêtes
intermédiaires d’altitude à peu près égale. Ce type de relief est qualifié
d’appalachien.
L’érosion différentielle peut aussi se manifester entre roches
cristallines. Les matériaux massifs, peu fissurés, créent des reliefs
énergiques, comme les inselbergs des déserts ou les pains de sucre des forêts
tropicales, dominant des roches plus altérables.
La résistance des roches varie selon les climats, qui
déterminent les agents d’érosion. Ainsi, un granite n’a pas le même
comportement à différentes latitudes. Roche dure en milieu froid, tempéré ou
aride, il apparaît très vulnérable à l’altération chimique en région tropicale
humide, où il peut être modelé en creux.